Value Creation and Capture Mechanisms in Innovation Ecosystems. Mobility for Elderly in Lorraine, France

De Communauté de la Fabrique des Mobilités
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Nom thésard-e : Tatiana Stoica Nom Laboratoire principal : BETA Bureau d'Economie Théorique et Appliquée

Autre(s) personne(s) impliquée(s) : Tatiana Dragutan

Résumé : The aim of the PhD project is to propose an analysis framework for better identifying the value creation and capture mechanisms in innovation ecosystems, their coordination and the factors determining the transition between the two. We start our questioning with investigating the literature on ecosystems and what they are, continue then with the one about what value is, what are the difficulties in defining what value creation stands for, and the one on mechanisms for value creation and capture, pointing out to the fact that the majority of literature if focusing on economic value. We exploit our research question in the context of the innovation ecosystem concerning the mobility of elderly people in Lorraine region, France, given the context of ageing population and more and more actors wondering how to satisfy the needs of the respective group of population. We suggest what might be the main factors to stimulate and impede value creation and capture in the mobility for the elderly people ecosystem.

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Site web : http://www.beta-umr7522.fr/-STOICA-Tatiana-

Description détaillée : Projet de thèse en Sciences de Gestion'

Contexte et objectifs du projet de thèse de doctorat'

L’innovation et la recherche scientifique ont été au cœur du développement et de la croissance des économies développées depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale (voir notamment Nelson 1959; de Solla Price 1965). Le modèle privilégié y était celui de l’innovation fermée (Lundvall 1988), impliquant la conduite du processus au sein d’une unique structure (e.g. firme, université, centre de recherche). La fin du XXème Siècle marque un changement de paradigme, au travers de l’adoption de comportements d’innovation ouverte (Chesbrough 2003). Les technologies, produits et services concernés par ce paradigme sont complexes, dans le sens où leur développement nécessite des ressources et compétences variées, distribués entre différents acteurs publics et privés. Le concept « d’écosystème d’innovation », défini comme des « sets of actors with varying degree of multilateral, non-generic complementarities that are not fully hierarchically controlled” (Jacobides, Cennamo, et Gawer 2018 p.2264) joue dès lors un rôle essentiel dans la compréhension des processus d’innovation ouverte. Étant donné leur caractère distribué, l’enjeu des membres d’un écosystème se fonde sur leur capacité à développer et mettre en œuvre des modèles économiques (ou business models) (Chesbrough 2007) leur permettant de générer et de capturer une partie de la valeur économique créée au sein des écosystèmes d’innovation (Adner 2006; Adner et Kapoor 2010; Bowman et Ambrosini 2000; Lepak, Smith, et Taylor 2007; Ritala et al. 2013; Borgh, Cloodt, et Romme 2012). Cependant, la littérature en économie et gestion traitant de ce sujet rencontre deux types de limites :

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La première limite réside dans la définition même de la notion de valeur. Jusqu’à présent, la littérature en économie et gestion sur les innovations ( technologique, organisationnelle, dans les services, etc.) a uniquement considéré la valeur économique. Pourtant, cette même littérature met bien en avant leurs possibles dimensions sociales, mais ces dernières n’en constituent généralement qu’une conséquence (voir par exemple le concept de destruction créatrice). Par ailleurs, la littérature sur les innovations sociales met en avant le fait que les innovations peuvent aussi avoir des motivations qui sont d’ordre social et que ces innovations sociales jouent un rôle important dans les dynamiques de développement socio-économique (Cajaiba-Santana 2014; Surie 2017; van der Have et Rubalcaba 2016). Or, cette dimension sociale est, pour le moment, peu abordée dans la littérature sur les écosystèmes d’innovation. Un objectif de la thèse est alors d’introduire cette notion de valeur sociale dans l’analyse des écosystèmes d’innovation. Ce faisant, il sera nécessaire d’effectuer une réflexion sur la notion de valeur sociale : comment la définir ? La mesurer ? Suivant quels critères et métriques ? Des réflexions sont en cours, notamment au Canada, au sein du CRISES (Université du Québec à Montréal), ou, en France, au sein de l’Institut Godin.

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La seconde limite est que les activités de création et de capture de la valeur qui ont été identifiées jusqu’à présent relèvent uniquement de mécanismes individuels dépendant des modèles économiques développés par les structures. Or, une caractéristique essentielle des écosystèmes d’innovation, les distinguant notamment des réseaux d’entreprises, réside dans le fait que la valeur est partiellement co-construite entre les acteurs et se base sur le développement de communs (Cohendet et al. 2018; Szostak et al. 2018). Un des objectifs de la thèse consiste donc à identifier ces mécanismes collectifs de construction de la valeur, ainsi que leur articulation avec les mécanismes de capture. Au final, ceci pose la question de l’organisation et de la gouvernance des mécanismes de création et de capture de la valeur.

Cadre théorique envisagé

Outre les littératures sur les écosystèmes d’innovation et l’innovation sociale, nous envisageons de mobiliser le cadre conceptuel de l’écologie de la créativité (Cohendet et al. 2018; Mehouachi et al. 2017). Il y est mis en avant le fait que les systèmes créatifs (industries ou territoires) sont caractérisés par une imbrication entre différentes strates économiques :

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L’upperground concerne les acteurs publics et privés institutionnalisés. Il s’agit du niveau privilégié pour la valorisation économique des innovations, qu’elles soient technologiques ou organisationnelles. Se retrouvent les institutions traditionnelles (Etat, collectivités, universités / écoles…), mais aussi entreprises de droit commercial.

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L’undergound regroupe des acteurs individuels créatifs, des hackers, des citoyens, des militants ingénieux, des bricoleurs et inventeurs, des artistes, des makers (Fisher et Amabile 2011; Haefliger, von Krogh, et Spaeth 2007; Berrebi-Hoffmann, Bureau, et Lallement 2018), etc. Il se caractérise par des activités créatives, artistiques et culturelles se déroulant en dehors de toute organisation formelle liée à une activité économique, voire « dans leur garage ».

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Le middleground est formé de communautés d’innovation (Sarazin, Cohendet, et Simon 2017), d’événements ponctuels comme un concours (Liotard et Revest 2015; Dechamp et Szostak 2016), de plateformes physiques à l’exemple des Fablabs, tiers-lieux, et espaces de coworking, ou bien de plateformes virtuelles telles que celles du crowdsourcing (Burger-Helmchen et Pénin 2011) ou des structures de l’économie sociale et solidaire. Ce niveau agrège les idées créatives provenant de l’underground. Il forme un « sas » de transition entre les idées développées dans le cadre des activités d’exploration du middleground et leur valorisation économique au sein du middleground. La thèse se base sur l’hypothèse que chaque strate implique des acteurs dont les actions comportent des dimensions économiques et sociales d’intensité variable. Par exemple, il peut être attendu que les actions des acteurs de l’underground et du middleground peuvent être essentiellement motivées par des objectifs d’ordre social. Ces niveaux seraient donc les lieux privilégiés pour les innovations sociales. A l’inverse les actions des acteurs de l’upperground seraient plutôt à visée économique et les innovations introduites seraient avant tout à portée économique.

Terrain empirique envisagé

La partie empirique envisagée est l’écosystème de la mobilité en Lorraine. Le problème de la mobilité revêt une importance particulière en Lorraine, et ce pour différentes raisons, qui reflètent la diversité des territoires qui la compose. A titre d’exemple, elle constitue un enjeu crucial pour la vitalité économique du Sillon Lorrain, du fait de l’importance des flux transfrontaliers de personnes avec le Luxembourg. Par contraste, elle constitue un moyen essentiel d’inclusion économique et sociale pour des populations en situation de vulnérabilité (handicap physique, mental, économique ou social, perte d’autonomie due à l’âge), en particulier dans les territoires ruraux en situation de déprise, tels la Moselle Est. En sus des structures traditionnelles (SNCF, transports publics, etc.), des organisations développant des innovations sociales ont déjà été identifiées comme faisant partie de l’écosystème d’innovation lorrain de la mobilité (entre autres, l’association Wimoov, la SCIC Omnibus, l’association Dynamo, le garage solidaire Ecosol’). L’enquête permettra de compléter cette cartographie, de l’analyser pour ensuite tester les hypothèses issues de la revue de littérature. Les contributions managériales seront ici de définir et comprendre ce qu’est la valeur sociale dans le cas de la mobilité, mais aussi d’expliquer comment elle est créée et capturée par les acteurs de l’écosystème d’innovation lorrain. De par son cadre théorique et le terrain empirique envisagé, la thèse s’inscrit naturellement dans le cadre du projet CPER Ariane « Gouvernances des Innovations Sociales dans le Grand Est » débuté en juillet 2019, et coordonné par les co-directeurs de thèse, Bérangère Szostak et Paul Muller.

Nancy, le 30 septembre 2019

Les directeurs de la thèse :

Bérangère L. Szostak Professeur de sciences de gestion Paul Muller Maître de conférences HDR de sciences économiques

Bibliographie

Adner, Ron. 2006. « Match Your Innovation Strategy to Your Innovation Ecosystem ». Harvard Business Review, 1 avril 2006. https://hbr.org/2006/04/match-your-innovation-strategy-to-your-innovation-ecosystem. Adner, Ron, et Rahul Kapoor. 2010. « Value Creation in Innovation Ecosystems: How the Structure of Technological Interdependence Affects Firm Performance in New Technology Generations ». Strategic Management Journal 31 (3): 306‑33. https://doi.org/10.1002/smj.821. Berrebi-Hoffmann, Isabelle, Marie-Christine Bureau, et Michel Lallement. 2018. Makers: Enquête sur les laboratoires du changement social. Borgh, Michel van der, Myriam Cloodt, et A. Georges L. Romme. 2012. « Value Creation by Knowledge-Based Ecosystems: Evidence from a Field Study ». R&D Management 42 (2): 150‑69. https://doi.org/10.1111/j.1467-9310.2011.00673.x. Bowman, Cliff, et Véronique Ambrosini. 2000. « Value Creation Versus Value Capture: Towards a Coherent Definition of Value in Strategy ». 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Tags : value creation, value capture, ecosystems, mobility, elderly people, France, social innovation

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